Patrimoine historique

Lieu de traversée aisé de la Creuse, la cité est au cœur de bien des épisodes de l'histoire de France :
Invasion des Wisigoths arrêtés par Clovis (Vème), des Arabes et épopée de Charles Martel (VIIIème), des Normands (IXème).
La Roche-Posay connait ses heures de gloire pendant la Guerre de Cent Ans : après la défaite de Nouaillé Maupertuis (1356), entre Poitiers et Châtellerault, le Roi de France Jean II le Bon concède la forteresse de La Roche-Posay aux anglais vainqueurs.
En 1369, Kerlouët, lieutenant de Du Guesclin reprend la cité aux anglais : il « eschielle » de nuit le château. Il est nommé gouverneur de La Roche-Posay et la cité devient le point de départ de nombreuses attaques en Poitou dont celle qui libéra la ville de Châtellerault.
Pendant les guerres de religion, Louis de Chasteigner, Seigneur de La Roche-Posay, protège Joseph Scaliger, philologue, humaniste, mathématicien et protestant. Il vécut 20 ans dans la cité et fut le précepteur de son fils, Henry-Louis, qui devint évêque de Poitiers.
Avec Napoléon Bonaparte, La Roche-Posay devint un paisible lieu de retraite pour les Grognards après la campagne de Russie.
La cité médiévale évoque encore aujourd'hui ce passé historique au travers des vestiges de l'ancienne citadelle.

Église Notre-Dame

L’église Notre-Dame de la Roche-Posay est citée pour la première fois dans une bulle du Pape Urbain II en 1099. Elle dépendait de l’abbaye de Preuilly. Elle s’élève dans l’enceinte fortifiée de la ville et domine la Creuse près de son confluent avec la Gartempe.

La partie la plus ancienne de l’église est la tour de clocher roman. Fortifiée pendant la guerre de Cent Ans. Le Porche gothique est flanqué d’une porte Renaissance.
la Nef de deux travées avec voûtes date de la fin du gothique. A gauche, la chapelle du Saint Sacrement : tabernacle classique en bois doré, 1738. Au carré du transept, sous le clocher, on peut voir un maître-autel en céramique de B. Courcoul, 1991.
Le Chœur est carré avec verrière flamboyante. Dans les chapelles latérales, deux retables provenant de l’ancienne abbaye cistercienne de la Merci-Dieu, 1685 : Nativité et Martyre de saint Laurent, bas-reliefs en pierre polychrome.

 

 

L’église de la Roche-Posay est un Monument historique classé par arrêté du 19.12.1907.

La Porte de ville (XIIIème siècle)

Connue sous le nom de Porte de Bourbon, elle permettait l’entrée dans la cité fortifiée tout comme deux autres portes aujourd’hui disparues. Elle est flanquée de deux tours et équipée de mâchicoulis.

 

Tour des remparts (XIIIème siècle)

Cette tour crénelée permettait de défendre la cité fortifiée en plus des éléments de défense qui entouraient la ville : rivière, ruisseau et douves. Pour des soucis de circulation, on modifie la base de cette tour au XXème siècle pour faciliter le passage des véhicules dans la rue étroite de Falk.

 

Le donjon (XIème siècle)

La construction de ce donjon est attribuée à la famille de Preuilly entre le début du 11e siècle et le milieu du 12e siècle. En l’absence de textes, et de toute étude archéologique, il est difficile d’être plus précis

Cette grosse tour de plan presque carré (environ 14,50 m de côté) et 25 m de hauteur, est construite en bel appareil de pierres de taille de tuffeau. Le parement extérieur a été presque entièrement changé dans les années 1990 mais nous avons pu observer l’édifice avant restauration, et on conserve également des clichés anciens. Les murs épais de plus de 2,50 m sont renforcés par des contreforts plats (2,25 m large x 0,90 m).

Les deux premiers niveaux de ce donjon n’en formaient qu’un à l’origine. Ils ont reçu des voûtes en arc de cloître à l’époque moderne (17e siècle ?). Éclairé par de simples fentes de jour, la partie basse faisait auparavant office de réserve, comme c’est toujours le cas dans les donjons romans. Elle était desservie par un escalier rampant dans l’épaisseur du mur. À l’origine, cet escalier n’avait pour rôle que de mettre en communication la salle basse depuis l’étage. Contrairement à ce qui est souvent écrit, la porte qui donne à l’extérieur, sur la face est, n’est pas l’entrée principale de la tour ; elle a été aménagée après coup. C’est par l’étage noble, aujourd’hui 3e niveau, que l’on accédait au donjon. L’ancienne porte d’entrée, bien conservée, est ouverte sur la face nord à plus de 6 m au-dessus du sol extérieur. Elle donne aujourd’hui sur un très haut volume intérieur assez vide, sous une toiture contemporaine coiffant le sommet de la tour, et reposant sur le haut des murs où un chemin de ronde périphérique est encore aménagé, à hauteur de l’ancien, signalé par des vestiges de consoles portant le parapet (sans doute un aménagement de la fin du Moyen Âge).

À l’intérieur, les traces laissées sur les parements révèlent l’ancienne distribution de la tour romane : à l’origine, il n’existait à l’étage qu’un seul niveau « habitable », celui de l’entrée, doté d’une fenêtre à l’est et de latrines au nord-ouest. Toutes les ouvertures anciennes sont couvertes de beaux arcs plein cintre clavés. Le parement ouest est marqué d’une série de curieuses niches dont l’usage pose question. Notons également l’absence de cheminée.

Quant à l’escalier en vis logé dans l’épaisseur du mur est, il ne donnait accès qu’au chemin de ronde, à une dizaine de mètres plus haut. C’est dans un second temps que l’on a créé des planchers intermédiaires, et une porte pour les desservir depuis l’escalier : les reprises sont très nettes. Notons que ces nouveaux étages sur planchers restaient très peu éclairés : on peut douter de leur usage pour l’habitation.

Extrait du dossier d’œuvre architecture de  Marie-Pierre Baudry et Paul Maturi

 

Le pont (XXème siècle)

Afin de traverser la Creuse, il y avait primitivement un pont en maçonnerie, construit au moins depuis le 12e siècle. Des vestiges sont visibles à plusieurs dizaines de mètres du pont actuel. Effondré au milieu du 18e siècle, les habitants de La Roche-Posay et des environs ont dû se contenter d’un bac pour pouvoir traverser la rivière. Ce n’est que sous la Restauration, au début du 19e siècle, qu’un nouveau projet pour la construction d’un pont voit le jour.

En 1824, des plans sont dressés par l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, basé à Poitiers. Dans ce projet primitif, le pont est supporté par une pile centrale, rattachée à la rive droite de la Creuse par une grande rampe, probablement en pierre. En 1831, le nouvel ingénieur en chef, G. de Bagnac, modifie le programme architectural : il opte pour un modèle plus classique et remplace la pile centrale par deux pylônes en pierre. Ces derniers sont posés sur les culées, ce qui en fait un pont sans piles. Le projet de construction du pont suspendu sera approuvé un an plus tard par le roi Louis-Philippe. Les coûts de constructions et d’entretien seront pris en charge grâce à la perception d’un droit de péage, concédé à un privé par adjudication publique. La concession est fixée à partir de 1832 pour 99 ans et fut adjugée à M. Bayard de la Vingtrie. À cette date, des affiches sont réalisées pour trouver un constructeur et pour informer la population de la construction future du pont. En 1833, un nouveau projet est imaginé par les ingénieurs des Ponts et Chaussées. Cette fois, le pont est muni de deux piles séparées des culées de seulement quelques mètres. Entre les deux, le tablier du pont est supporté par une charpente un bois. Les garde-corps métalliques sont aussi remplacés par des garde-corps en bois. C’est ce projet qui sera finalement réalisé, à l’exception des pylônes dont la forme sera modifiée. Après une phase de travaux, le pont est livré le 21 avril 1835, l’épreuve de charge qui valide la construction est réalisée le jour même et dure 48h. Elle donne lieu à un rapport détaillé de l’ingénieur en chef. La travée suspendue du pont a une longueur de 60 m, les deux piles ont 3 m d’épaisseur au couronnement, la longueur totale au débouché des eaux est de 88 m. La travée en charpente, suspendue à 14,60 m au-dessus de l’étiage de la Creuse, est composée de quatre fermes en bois de chêne, recouvertes d’un double plancher, l’un en chêne et le second en bois blanc, bombé au centre. Plusieurs mètres cubes de pierres, pour un poids total de 50,4 tonnes, sont répartis sur toute la longueur du tablier. Après 24h, les ingénieurs vérifient l’état du pont. Malgré le fléchissement du tablier, ils le jugent assez solide et les pierres sont retirées (Archives départementales de la Vienne).

Jusqu’au début du 20e siècle, il fallait payer pour pouvoir passer sur le pont, en raison du droit de péage accordé au concessionnaire lors de la construction. Cela ne manquait pas de choquer les curistes et touristes, qui voyaient là un archaïsme digne de l’époque féodale. La commune décide donc de racheter la concession du droit de péage grâce à une subvention de 4000 francs allouée par les départements de la Vienne et de l’Indre-et-Loire en 1924. Entre 1924 et 1928, le pont est en mauvais état et plusieurs campagnes de réparation sont entreprises. De plus, le pont est incommode puisque son étroitesse permet difficilement à deux charrettes de se croiser. Avec la généralisation du transport automobile, l’urgence de la modernisation du pont se fait sentir. Il faut le reconstruire, l’élargir et augmenter la limite de charges qu’il peut supporter.

Le pont suspendu est finalement remplacé par un pont en arc à tablier supérieur, dont l’arcade principale enjambe la Creuse, ici, large de 90 mètres. Le projet fut présenté en 1933 au Conseil municipal et le nouveau pont fut inauguré en 1937. Il s’agit d’un des exemples les plus précoces de construction en béton armé Hennebique dans le département. La construction est dû à deux architectes, MM. Bounisseau et Mathés. L’entreprise de travaux est dirigée par M. Métivier.

Les pylônes du pont suspendu furent rasés à une certaine hauteur afin de construire un nouveau tablier plus large et doté de trottoirs pour les piétons. Les arcades sont construites en prenant assise sur la base des anciens pylônes. Avant sa mise en service, il fut aussi testé avec une importante charge et les Ingénieurs des Ponts et Chaussées le déclarèrent viable.

Le 22 juin 1940, les troupes allemandes entrent à La Roche-Posay après avoir été fort retardées grâce à la conduite héroïque des Zouaves du IVe régiment. Le pont de La Roche-Posay, l’un des seuls sur la Creuse, devait permettre aux allemands de rattraper l’armée française. Cependant, pour ralentir l’invasion, il fut miné et des pièces d’artillerie placées sur la rive gauche de la rivière. Lors de l’explosion seulement 20 mètres du tablier furent détruits, n’empêchant pas une réparation sommaire du pont par les allemands.

Extrait du dossier d’œuvre architecture de  Marie-Pierre Baudry et Paul Maturi